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  • Photo du rédacteurphilippedeliere

Iconographie de la dictature

Chinese propaganda posters | taschen
























à l’heure ou nos gouvernants caressent l’idée de produire quelque émission de télévision à la gloire de leurs réformes, il est instructif de se pencher sur ce morceau de bravoure de la communication que constituent les affiches de propagande chinoise du siècle dernier. le recueil édité par taschen, à partir de la collection de michael wolf, présente 300 posters de promotion de la chine communiste des années 50 à 70. conçus par des artistes d’état, ces œuvres originales étaient d’abord imprimées dans les journaux et magazines avant d’être distribuées dans le réseau de librairies populaires xinhua (nouvelle chine) pour une diffusion de masse. infiltration profonde du tissu social, ces affiches égayaient les espaces de vie et de travail, s’attachant à représenter non pas la vie telle qu’elle est mais telle qu’elle devrait être, et donnant une forme concrète aux différentes politiques et visions du futur que se forgea le parti communiste chinois au fil des ans. glorification du travail, de la nation, du sacrifice personnel au profit de l’intérêt général, appel à la guerre contre les ennemis de la nation, allégeance au leader et hommage permanent à son œuvre sont les thèmes récurrents de la campagne de communication la plus longue et large de tous les temps. les affiches sont présentées en 16 thématiques, alignés sur les chapitres du petit livre rouge de mao, comme 16 déclinaisons du concept : le parti, les classes et la lutte des classes, socialisme et communisme, guerre et paix, le rôle dirigeant des comités du parti, les relations entre l’armée et le peuple, l’éducation et l’entraînement des troupes, servir le peuple, patriotisme et internationalisme, l’héroïsme révolutionnaire, édifier le pays avec diligence et frugalité, la science et la recherche, les jeunes, le rôle des femmes, l’art et la culture, les études. quelques constantes de forme, sorte de charte graphique et éditoriale :

  • la prédominance de la couleur. il fait toujours beau dans la chine de mao ; ciel bleu, soleil éclatant, cerisiers en fleurs et aplats de couleurs chaudes.

  • l’enthousiasme. le peuple a bonne mine, les joues rouges et rebondies, signes d’une santé éclatante qu’entretiennent l’exposition prolongée au grand air et l’âpreté au travail. le sourire est de rigueur, la chine de mao doit être optimiste.

  • l’importance du groupe : les citoyens de la chine populaire vont en groupe. seuls les héros, martyrs de la révolution ou incarnation du travailleur glorieux, s’affichent en solitaire.

  • le regard des personnages. inspiré, collectif, il n’est pas dans l’axe, 30° au-dessus de l’horizon, en quête d’un idéal qui déborde du spectre du visible.

  • - le grand timonier. mao sur un bateau, visitant une usine, à la campagne, dans son bureau… mao dépasse toujours de quelques centimètres au moins le plus grand des personnages de la scène (même si, convenons-en, ses 1m80 rendent la chose crédible).

  • le petit livre rouge, ingrédient omniprésent de la propagande. il est le trait d’union entre bon nombre de ces posters, tour à tour sujet ou complément du message : brandi par des travailleurs en liesse, dépassant négligemment de la poche d’un médecin, serré contre le cœur d’une écolière en récréation ou soigneusement disposé sur la table de réunion du comité du parti préparant la guerre. on peut s’amuser à le repérer sur bon nombre de posters (mais où est donc charlie ?).

une chronologie de la chine au xxème et xxième siècle clôture l’ouvrage et replace ces œuvres dans leur contexte. l’annonceur unique ayant depuis quelques années cédé la place aux multinationales. à découvrir, tant pour l’apport historique que l’analyse esthétique.




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