Collages
J'emprunte vos images pour bâtir les miennes, tentant de recycler la pub dans une esthétique nouvelle et affranchie du futile.
Je suis intrigué par la force narratrice des images, leur capacité à créer ambigüité, émotions ou dégoût. Sans doute incapable de les inventer moi-même, j’emprunte celle des autres pour en faire la matière première de mes petites histoires. Je feuillette, je repère, découpe : les magazines des aéroports, des hôtels, des avions, de la maison, du bureau, des poubelles ; de toutes les langues, de toutes les cultures ; surtout des pubs. La pub crée des images éphémères aux attitudes et émotions caricaturées ; excellent terrain de découpage, où chaque morceau prélevé accède à une longévité supérieure à celle de son support. J’entasse ces petits morceaux d’image, des centaines, dans l’attente d’un instant d’inspiration. L’assemblage ensuite, souvent à partir d’un couple d’image qui crée la clef de voûte d’un nouvel univers visuel, un univers de juxtaposition, de superposition ou de confrontation. Je ne cherche pas à donner un sens à la composition, il se construit petit à petit -parfois pas- ; seul le rendu visuel m’importe.
La destruction avec application:
Découper, c’est rogner, amputer, évider, une image pensée et composée par un autre. La détruire avec précision, attention, est aussi en respecter l’intégrité et la sortir d’un contexte convenu pour la rendre plus intrigante.
La contrainte de la matière:
L’ordinateur a domestiqué la matière première : les images sont détourables, étirables, réversibles, recoloriables à volonté. Les miennes sont intègres, prisonnières de leur forme initiale. Elles deviennent une matière première aux contraintes formelles incontournables. Mon plaisir réside tant dans l’acceptation et l’intégration de ces contraintes que dans la tentative de leur sublimation.
Reconstruire au hasard:
Une image clé, prise au hasard, parce qu’elle m’amuse ou m’émeut ; une autre choisie parce qu’elle fait écho ou contredit la première ; un fond qui les assemble ou les isole, et la reconstruction s’opère, juste guidée par l’œil. Si ces nouvelles images ont un sens, il procède de l’instinct ou bien du hasard.